Le vent se fait plus
doux, les jours de pluies et de grisailles se font moins présents au
profit du soleil, et voilà que déjà, les premières fleurs
jaillissent. Un air de printemps qui donne l'envie de flâner au
soleil et de profiter des jolies couleurs qui bourgeonnent ici et là
dans les parcs et jardins de nos villes. Ces inspirations bucoliques
m'ont amenées à pérégriner dans l'Artois du côté de Saint-Omer,
l'occasion de découvrir l'intérieur de la dame cathédrale qui
protège la cité.
Loin d'être aussi
imposante que celles de Paris, d'Amiens ou de Strasbourg, la
cathédrale de Saint-Omer domine la ville. Il faut dire qu'elle a été
bâtie sur un des points les plus hauts de la cité... Cité qui
n'aurait sans doute pas connu un tel essor sans la présence de
l'édifice religieux (ou d'un premier édifice religieux). Certes, ce
point est une vérité qu'on peut appliquer à beaucoup de communes
mais ici, l'importance du culte, de la religion se prolonge dans le
nom même de la ville, rappelant ainsi, ce à quoi ou à qui, elle
doit son développement urbain.
Et bien oui, après tout,
c'est qui ce monsieur Omer ? Qu'est-ce qu'il a fait? Je vous
invite à prendre place dans ma machine à remonter le temps. Nous
voici arrivés au VIIe siècle, au moment où Dagobert, qui n'a pas
fait que mettre sa culotte à l'envers, choisit un dénommé Omer
comme évêque de Thérouanne (une cité jouissant d'un emplacement
privilégiée sur la route de trois villes importantes du Nord au
Moyen-Âge : Cassel, Arras et Amiens). Ce dernier va se lier
d'amitié avec l'abbé Bertin, qui dirige l'abbaye St Pierre située
dans une des plaines marécageuses de l'Aa. Il va donc ordonner la
construction, à quelques kilomètres de l'abbaye, d'une église. Les
deux édifices religieux vont constituer un ensemble que l'on
retrouve sous l'appellation de Sithiu.
Durant de nombreuses
années, l'église Notre-Dame, fondé par Omer, restera de taille
modeste jusqu'au jour où Fridigise, un abbé anglo-saxon chancelier
de Louis le Pieux (778-814), décide d'y installer une trentaine de
chanoines (un chanoine, pas un chat moine : pour faire simple,
c'est un religieux qui, comme un moine, va vivre en communauté,
observer une règle (souvent celle de Saint Augustin) mais qui, à la
différence du moine, va vivre dans son siècle en se mettant au
service du peuple (les moines vivent reclus dans un monastère, sans
contact avec la population lambda)).
C'est
à partir du XIe siècle que va se développer autour de notre
collégiale de chanoines et de Notre-Dame, une petite ville qui
prendra le nom du père fondateur de l'église : Omer. Saint
Omer devient une ville marchande ayant certains privilèges. Nos
religieux vont profiter de cet essor urbain au XIIIe siècle :
ils vont construire des maisons et ordonner l'édification de la
cathédrale telle qu'on la connaît aujourd'hui. Notre-dame va
néanmoins conserver son titre d'église jusqu'au XVIe
siècle. C'est au cours de ce siècle qu'elle sera promue
cathédrale : Charles Quint (en froid avec le roi de France
Henri II) détruit Thérouanne jusqu'alors évêché de l'Artois.
Afin de respecter les frontières entre Pays-Bas espagnols et le
royaume de France le diocèse de Thérouanne. En 1561 est donc crée
le diocèse de Saint-Omer et la collégiale est promue cathédrale.
C'est
au début du XVIIe siècle que la construction de la cathédrale est
achevée. Il aura fallu près de 400 ans pour construire cet édifice
de style gothique flamboyant, il faut dire que la construction a un
coût et que les chanoines ont du composer avec les moyens imposés
par leur taille jusqu'au XVIe siècle. Le
XVIIIe siècle sera celui de la période révolutionnaire,
d'ordinaire assez sombre pour pour les édifices religieux, la
cathédrale sera relativement épargnée par le vandalisme ambiant.
Elle servira de lieu de stock à fourrage.
Le
XIXe siècle sera celui de la suppression du diocèse de Saint-Omer
au profit de celui d'Arras. La cathédrale redevient officiellement
église. En 1840, elle sera inscrite sur la liste des Monuments
Historiques. Exemplaire rare de l'art médiéval en Artois, la
cathédrale renferme aujourd'hui encore des petites perles
artistiques pour quiconque s'intéresse à l'histoire de l'Art :
on peut citer une Descente de croix
signée par Rubens datant de 1616 ou encore un astrolabe construit
par Pierre Enguerrand, horloger de Saint-Omer, au XVIe siècle. Je
vous laisse sur quelques photos, faites rapidement, ma visite ayant
été écourtée au profit d'un mariage.
Descente de croix, P-P. Rubens, 1616 - source wikipedia |
![]() |
L'Astrolabe de Pierre Enguerrand |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
à vos mots !