Aujourd'hui, je vous
invite à mettre pied à terre à Calais, et tout particulièrement à
la découverte de l'église Notre-Dame, aujourd'hui restaurée,
inaugurée, tout ça, tout ça. Alors moussaillons, parlons peu,
parlons bien et revenons quelques instants sur les grands moments de
la belle et de son clocher.
Calais est au Xe siècle
un petit village de pêcheur que le Comte de Flandre va faire
fortifier. Comme toute cité qui se respecte au Moyen-Âge, la ville
va être investi par des lieux de culte. En 1224, Adrien de Wissant
décide de bâtir un premier édifice religieux. Lorsqu'en 1347
Calais tombe aux mains de nos terribles rivaux Rosbeefs, l'église va
connaître de nouveaux aménagements. Le Roi d'Angleterre Edouard III
fait alors rattaché Notre-Dame à l'archevêché de Canterbury et
dans la foulée, agrandit la bâtisse : la nef est rehaussée,
les collatéraux élargis mais surtout on va ajouter à cette église
un clocher à la croisée du transept. Et rien que pour ça, Edouard
III a pu dire merci aux architectes flamands qui ont réalisés les
travaux ! Au XVIIe siècle, une nouvelle extension est
effectuée, une chapelle axiale de forme elliptique est ajoutée à
Notre-Dame. Cette dernière est dédiée à la Vierge.
Avant de poursuivre, je
me dis que le jargon architectural peut ne pas toujours être
parlant, alors je me suis dit qu'un petit schéma et un petit plan
fait rapidement permettrait à tout à chacun de mieux visualiser les
extensions successives.
C'est également au XVIIe
siècle que l'on va offrir à la dame un imposant retable de marbres
et d'albâtres : dix-sept mètres de haut, dix mètres et demi
de large. Il n'aura fallu que quatres années (de 1624 à 1628) au
sculpteur Adam Lottman pour répondre à la commande des magistrats
de la ville et du curé. Au centre de cette œuvre monumentale, se
trouve un tableau L'Assomption de la Vierge, signé de la main
du maître Anversois Gérard Seghers, connu pour être un
collaborateur de Rubens.
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L'Assomption de la Vierge par Grard Seghers, avant/après |
Faisons un bond dans le
temps, délaissons la Renaissance pour le XIXe siècle et XXe siècle.
Je dirais rapidement qu'au XIXe siècle, la belle va voir sa façade
se refaire faire une petite beauté dans un style « gothique
perpendiculaire » so british. Alors oui, pour la première fois
au cours de cet article est abordé la question du style : parce
que bon Notre-Dame, elle est plutôt quoi ? Gothique ?
Romane ? Autres ? Et bien, je vous dirais que je n'en sais
rien, je n'ai qu'une réponse à formuler : et si son style
était multiple, métissé tout comme l'histoire de Calais ?
C'est sans doute un peu vrai, mais je ne m'attarderais pas
aujourd'hui (sans doute d'autres articles à venir sur Notre-Dame).
Néanmoins, on peut souvent lire et entendre dire ici et là que la
belle est de style Tudor ou de style gothique perpendiculaire. J'ai
cherché quelques ouvrages pouvant m'éclairer sur ce style que je
méconnais totalement... Je connais le mouvement gothique, certaines
de ces mouvances mais de ma vie d'estudiantine en histoire de
l'art/patrimoine, je n'avais entendu parlé de style perpendiculaire.
Peut-être est-ce une question géoculturelle, car du peu que j'ai pu
en lire, il s'agit d'un style typiquement anglais qui n'a pas eu de
résonance en Europe continentale. Alors, je l'avoue, je mène
l'enquête et remet à plus tard un quelconque début d'analyse
stylistique et accorde ma confiance à ceux qui chouchoutent
actuellement l'église (mais si quelqu'un pouvait me conseiller des
ouvrages sur la question) !
Venons en au XXe siècle,
chapitre tragique des mémoires de la dame. Elle n'est en effet pas
épargné par les deux conflits mondiaux. Pire, à quelques jours de
la libération de la ville, les alliés vont la bombarder par
inadvertance. Le 23 septembre 1944, pour être précise. Le clocher
s'effondra sur le transept nord et le retable fut fortement
endommagé. Bien-entendu, une fois la guerre finit, le transept, le
clocher et la nef furent restaurés... mais les travaux de
restauration n'iront pas plus loin malgré le fait que Notre-Dame
soit classé depuis 1913. Durant près de soixante ans, elle restera
fermée aux publics, ses entrailles rongées par les gravats,
l'humidité et les affres du temps.
Par chance, Notre-Dame a
croisé la route de passionnés d'Histoire qui ont crée une
association : l'Association pour la Mise en Valeur du Patrimoine
Calaisien. Durant des années, les membres de l'association vont se
battre contre vents et marées pour redonner à l'édifice sa
splendeur d'antan : recherche de fonds, demande de subvention,
organisation de manifestations culturelles. En novembre 2013, ces
passionnés ont pu voir leur rêve se réaliser : Notre-Dame
ouvre de nouveaux ses portes et inaugurée en grande pompe le temps
d'un week-end. Le retable rénové, le tableau de Seghers restauré
retrouve sa place originale, la chapelle de la Vierge renaît de ses
cendres. Alors que peut-on dire si ce n'est : merci à l'AMVPAC
et merci aux restaurateurs !
Maintenant, place aux
images avant/après !
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Vue depuis le transept St Pierre - novembre 2009 |
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Une partie de la balustrade avant restauration, posée à même le sol dans le transept nord. novembre 2009. |
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partie non-accessile au public, nous sommes dans le chevet de l'église. Il s'agit du retable de marbre et d'albâtre avant/pendant la restauration. novembre 2009. |
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toujours dans la même partie, novembre 2009 |
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Détail, au pasage admirez les murs, novembre 2009 |
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Plafond de la chapelle de la Vierge, novembre 2009. |
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Toujours dans la chapelle de la Vierge, novembre 2009. |
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En 2013, lors de l'inauguration et de l'installation plastique de l'artiste suisse Renato Häusler :
En prime, deux petits liens :
vers l'association,
vers une visite virtuelle avant restauration
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