vendredi 11 avril 2014

Saint Omer, histoire d'une ville et de sa cathédrale

Le vent se fait plus doux, les jours de pluies et de grisailles se font moins présents au profit du soleil, et voilà que déjà, les premières fleurs jaillissent. Un air de printemps qui donne l'envie de flâner au soleil et de profiter des jolies couleurs qui bourgeonnent ici et là dans les parcs et jardins de nos villes. Ces inspirations bucoliques m'ont amenées à pérégriner dans l'Artois du côté de Saint-Omer, l'occasion de découvrir l'intérieur de la dame cathédrale qui protège la cité. 




Loin d'être aussi imposante que celles de Paris, d'Amiens ou de Strasbourg, la cathédrale de Saint-Omer domine la ville. Il faut dire qu'elle a été bâtie sur un des points les plus hauts de la cité... Cité qui n'aurait sans doute pas connu un tel essor sans la présence de l'édifice religieux (ou d'un premier édifice religieux). Certes, ce point est une vérité qu'on peut appliquer à beaucoup de communes mais ici, l'importance du culte, de la religion se prolonge dans le nom même de la ville, rappelant ainsi, ce à quoi ou à qui, elle doit son développement urbain.

Et bien oui, après tout, c'est qui ce monsieur Omer ? Qu'est-ce qu'il a fait? Je vous invite à prendre place dans ma machine à remonter le temps. Nous voici arrivés au VIIe siècle, au moment où Dagobert, qui n'a pas fait que mettre sa culotte à l'envers, choisit un dénommé Omer comme évêque de Thérouanne (une cité jouissant d'un emplacement privilégiée sur la route de trois villes importantes du Nord au Moyen-Âge : Cassel, Arras et Amiens). Ce dernier va se lier d'amitié avec l'abbé Bertin, qui dirige l'abbaye St Pierre située dans une des plaines marécageuses de l'Aa. Il va donc ordonner la construction, à quelques kilomètres de l'abbaye, d'une église. Les deux édifices religieux vont constituer un ensemble que l'on retrouve sous l'appellation de Sithiu.

Durant de nombreuses années, l'église Notre-Dame, fondé par Omer, restera de taille modeste jusqu'au jour où Fridigise, un abbé anglo-saxon chancelier de Louis le Pieux (778-814), décide d'y installer une trentaine de chanoines (un chanoine, pas un chat moine : pour faire simple, c'est un religieux qui, comme un moine, va vivre en communauté, observer une règle (souvent celle de Saint Augustin) mais qui, à la différence du moine, va vivre dans son siècle en se mettant au service du peuple (les moines vivent reclus dans un monastère, sans contact avec la population lambda)).

C'est à partir du XIe siècle que va se développer autour de notre collégiale de chanoines et de Notre-Dame, une petite ville qui prendra le nom du père fondateur de l'église : Omer. Saint Omer devient une ville marchande ayant certains privilèges. Nos religieux vont profiter de cet essor urbain au XIIIe siècle : ils vont construire des maisons et ordonner l'édification de la cathédrale telle qu'on la connaît aujourd'hui. Notre-dame va néanmoins conserver son titre d'église jusqu'au XVIe siècle. C'est au cours de ce siècle qu'elle sera promue cathédrale : Charles Quint (en froid avec le roi de France Henri II) détruit Thérouanne jusqu'alors évêché de l'Artois. Afin de respecter les frontières entre Pays-Bas espagnols et le royaume de France le diocèse de Thérouanne. En 1561 est donc crée le diocèse de Saint-Omer et la collégiale est promue cathédrale.

La cathédrale de Saint-Omer, détail, albums de Croÿ, tome XVII, pl.40.


C'est au début du XVIIe siècle que la construction de la cathédrale est achevée. Il aura fallu près de 400 ans pour construire cet édifice de style gothique flamboyant, il faut dire que la construction a un coût et que les chanoines ont du composer avec les moyens imposés par leur taille jusqu'au XVIe siècle. Le XVIIIe siècle sera celui de la période révolutionnaire, d'ordinaire assez sombre pour pour les édifices religieux, la cathédrale sera relativement épargnée par le vandalisme ambiant. Elle servira de lieu de stock à fourrage.

Le XIXe siècle sera celui de la suppression du diocèse de Saint-Omer au profit de celui d'Arras. La cathédrale redevient officiellement église. En 1840, elle sera inscrite sur la liste des Monuments Historiques. Exemplaire rare de l'art médiéval en Artois, la cathédrale renferme aujourd'hui encore des petites perles artistiques pour quiconque s'intéresse à l'histoire de l'Art : on peut citer une Descente de croix signée par Rubens datant de 1616 ou encore un astrolabe construit par Pierre Enguerrand, horloger de Saint-Omer, au XVIe siècle. Je vous laisse sur quelques photos, faites rapidement, ma visite ayant été écourtée au profit d'un mariage. 

Descente de croix, P-P. Rubens, 1616 - source wikipedia



L'Astrolabe de Pierre Enguerrand




















 

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